Echo à l'article "Vous avez dit anartiste" ? qui évoque en final une danse dans le noir, et plongée dans le monde la Rentrée qui s'annonce, rentrée qui n'est pas sans évoquer l'école et ses cahiers, ci-après en lien publiée sur ma page facebook ÆRIK ART, une série de pages encrées au pinceau en 1997 retrouvée dans mes cartons parmi des esquisses, crobars et autres tentatives picturales réalisées à une époque où je me rêvais en peintre, et où le dessin était plus qu'un habitus ou une praxis, une voie pour sentir et me relier à cet invisible que traque l'artiste dans ses œuvres.
Tracés de lignes au pinceau trempé dans l'encrier, inscrits d'un jet sur papier, sans réflechir, porté uniquement par la sensation de liberté de la main qui court légère, guidé par l'œil qui scrute la blancheur et cherche à en faire jaillir l'éclat entre deux tranchées de sombre pour faire naitre un dialogue entre pleins et vides, ombres et trouées de lumières. Force et concision d'un geste sûr qui navigue entre écriture et aplat, entre idéogramme et peinture.
Se lisent dans ces images, les influences de Michaux et Soulages qui ont longtemps accompagnés mes lectures et voyages du regard. S'y loge aussi toute la peinture moderne, en particulier celle d'après-guerre qui vit des Matthieu, Pollock investir le geste et le trait sur la toile sans soucis de sens ou de construction picturale et qui préfiguraient à leur manière l'art du graph et son invasion sur les murs délaissés des cités.
Car in fine, c'est bien de graphisme qu'il s'agit avant tout dans ces images et non de peinture. C'est d'ailleurs vers ce métier que je me dirigerais quelques mois plus tard pour l'exercer en professionnel sur la place de Paris pendant plus de 20 ans, derrière un ordinateur pour réaliser toutes sortes d'animations et illustrations pour la télévision et les agences de communication de la Capitale.
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ENCRE. 1997 © ÆRIK |
A les revoir et me plonger dans leur noir et brou de noix, je distingue deux obsessions : la recherche d'infructuosités sous forme de carrés de lumières enserrés comme autant de fentes et fenêtres dans la masse, et à l'inverse la liberté d'un tracé qui tendrait à retrouver la force de l'idéogramme mais sans le sens littéral que le la lecture d'un mot procure. J'y lis aujourd'hui ce que je rechercherai et trouverai bien plus tard dans l'exercice de ma profession, la réalisation d'IMAGE-SIGNES, concept forgé pour accompagner la réalisation d'affiches.
Un idéogramme se lit d'un seul regard comme une seule et nue entité contrairement au mot à l'occidental qui demande au regard de suivre un parcours ligné, d'entreprendre un décryptage pour faire émerger le sens du mot de la phrase, introduisant par là un différé entre captation et compréhension. Un idéogramme est plus proche d'une image alors même qu'écrire c'est d'abord tracer une ligne, un dessin, imager la lettre, le mot.
Qu'en serait-il de notre pensée et de la perception du monde qui l'accompagne si notre écriture, et par voie de conséquence notre parler, se rapprochait de cette logique d'immédiateté entre perception et compréhension du signe tracé ? Quand le signe rejoint l'image, l'image fait signe et la pensée ne se déploie plus comme un fil que l'on tisse, mais comme une suite de jets lancés comme des pierres, ou des étincelles qui alimentent peu à peu un feu qui grandit sur le fond de la rétine.
C'est tout l'enjeu de ce travail que d'ouvrir à cette autre façon de lire et voir que j'aborderai plus amplement en développant le concept d'IMAGE-SIGNE que je reprends souvent dans mes lignes sur ce site.
Bon visionnage !
Pour plonger dans l'encre, c'est par ici
Eric Desneux
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