Jésus n'est pas mort sur la croix pour nous "laver de nos péchés" (doctrine chrétienne). Il a été lâchement assassiné par les pouvoirs en place (politique et religieux) qui voyait en lui un homme dangereux car il remettait en cause jusqu'à la notion même de pouvoir. A travers son exemple, il appelait à créer une société fondée sur la bonté, le partage et le pardon où tous les hommes seraient frères. Il n'est pas difficile de dire que nous en sommes encore loin aujourd'hui. Ce qui explique que son retour (en 1974 à Arès) n'ait pas encore soulevé un grand enthousiasme et que les pouvoirs en place (politiques, religieux ou médiatiques) aient davantage cherché à lui nuire (attaque du fisc, calomnie,...) qu'à accomplir ou promouvoir ce qu'il revenait dire.
Vous allez me répondre qu'aujourd'hui on a quand même évolué, que l'on ne trucide plus les opposants sur la place publique, que l'on a la liberté d'expression... et vous aurez raison. Sauf que notre évolution est de sophistication et non de véritable "civilisation". Nos temps d'aujourd'hui ne sont pas moins barbares que les temps antiques. Simplement le fouet, la roue ou la croix (instruments d'intimidation, de torture et de mise à mort) ont simplement changé de nature : ils s'appellent désormais "attaque du fisc", "diffamation et calomnie" , "lynchage médiatique" et j'en passe. Le pouvoir a compris qu'il lui était préférable de laisser vivre ses opposants pour s'assurer une légitimité, que de s'imposer par la force. D'autant que désormais il dispose d'un outil beaucoup plus perfectionné que le bâton pour circonvenir les citoyens récalcitrants : la loi. Des hommes conditionnés à se soumettre au pouvoir (à la loi) font de bien meilleurs sujets que des opprimés prêts à se soulever pour reconquérir leur liberté. D'autant que tout est fait pour nous faire croire que notre système politico-légaliste, la démocratie, est indépassable et représente l'avènement de LA liberté. Le pouvoir n'est-il pas entre les mains du peuple qui élit ceux qui le gouvernent ? Les dirigeants ne sont ils pas au service de la chose publique ? Foutaises ! Nous sommes libres... de nous soumettre à une petite clique qui s'est appuyé sur une majorité enrégimentée pour prendre le pouvoir, grâce à des lois qu'elle a elle-même confectionnées. En démocratie comme ailleurs, le pouvoir est toujours confisqué par ceux qui le détiennent. La différence c'est qu'en démocratie, l'exercice du pouvoir est limité (dans le temps) et que si le pouvoir veut durer il doit satisfaire un minimum aux exigences de sa majorité. Un rapport de force qui vaut mieux, je vous le concède, que l'exercice d'un pouvoir dictatorial ou militaire et qui fait dire à certains que "la démocratie, loin d'être parfaite, est le moins mauvais des systèmes" (Churchill, je crois). En effet, et je ne suis pas mécontent de vivre en démocratie, quand je vois d'autres régimes politiques sévir, mais je perçois ses limites. Je me dis surtout que l'homme est capable de tout autre chose que de vivre sous l'emprise d'un système (puisque son Créateur le dit). Je suis las de ces beaux discours que l'on nous sert pour nous faire oublier notre misère spirituelle et mieux circonvenir notre pensée. Que pèse véritablement ce petit bout de papier déposé dans une urne, par rapport à la liberté absolue, à l'amour universel et à la capacité de créer que le Créateur a déposé dans le cœur de tout homme ?
Vous l'aurez compris ce qui m'inspire ce matin, ce sont les élections municipales d'hier dont la date coïncidait curieusement avec le "dimanche des rameaux", anniversaire de l'entrée de Jésus dans Jérusalem. Pour mémoire et à l'attention de ceux qui ignoreraient tout de la vie de ce prophète (j'ai moi-même été totalement ignorant jusqu'à l'âge de 20 ans de ce que contenait les Evangiles), voici un petit raccourci de son itinéraire : après avoir parcouru les routes de Galilée, multipliant miracles et paroles d'espérance, Jésus se rend à Jérusalem dans l'espoir de convertir cette cité. Son attitude et sa renommée (Jésus déplaçait les foules), inquiétaient les pouvoirs qui cherchaient un moyen de le faire taire. A plusieurs reprises, les pharisiens (qui détenaient le pouvoir religieux en Israël au temps de Jésus) ont cherché à le piéger, mais à chaque fois Jésus a eu le dessus. Qui n'a jamais entendu parler de ses répliques restées fameuses "Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu" (quand les pharisiens cherchèrent à le faire passer pour un révolutionnaire qui s'en prenait à la puissance romaine) ou encore "Que celui qui n'a jamais péché, lui jette la première pierre" (en désignant une femme adultère que les pharisiens voulaient faire lapider) ? Quand Jésus entre dans Jérusalem, il est accueilli, pense t-il, à bras ouvert par une foule en liesse qui jette devant lui des rameaux d'olivier en signe de paix. Cela s'avèrera, hélas, une manœuvre pour l'étourdir, et un piège qui se refermera sur lui quelques jours plus tard quand il sera fait prisonnier. Entre temps, Jésus aura multiplié les défis en bravant les autorités, notamment en chassant les marchands du Temple à coups de fouets. Mais surtout il assumera avec dignité l'épreuve de sa mise à mort allant jusqu'à pardonner à ceux qui l'avait tué, restant fidèle à tout ce qu'il avait enseigné. Malgré ça, sa capture et son assassinat fera perdre la foi aux apôtres (Pierre le reniera trois fois), qui devant les difficultés, préfèreront répandre la "bonne nouvelle" hors d'Israël (en grec "Evangile" signifie "bonne nouvelle"), engendrant un christianisme mêlé de paganisme.
Quelle(s) leçon(s) tirer de tout cela sinon qu'il est vain de s'attaquer frontalement aux pouvoirs en place et que nous aurons besoin de nous armer de réalisme autant que d'espérance pour changer ce monde (ce que Jésus disait déjà d'ailleurs en recommandant à ses disciples d'être "doux comme des colombes et rusés comme des serpents") ? Manifestement Jésus a manqué de prudence en entrant dans Jérusalem. Il a probablement également été pris d'impatience de voir se réaliser la Parole qu'il venait délivrer. La Révélation d'Arès suggère qu'il a traversé une phase d'illuminisme. L'Eglise naissante a, par la suite, transformé son erreur d'appréciation et le lâche assassinat qui en a découlé, en sacrifice expiatoire "prédestiné", pour circonvenir et se prémunir à son tour, contre toute tentative de voir naitre un peuple vrai épris de justice et de liberté. En proclamant que Jésus était "mort sur la croix pour nous laver de nos péchés", elle a déchargé ses fidèles de tout effort à faire pour se changer. Elle a assis son pouvoir sur les âmes et tué dans l'œuf le germe insurgeant* de l'Evangile. Nos démocraties d'aujourd'hui en réduisant la liberté absolue de chercher et répandre l'amour et la bonté, à la liberté politique de choisir entre deux camps "opposés", se prémunissent aussi contre toute dynamique créatrice susceptible de les submerger.
J'ai donc voté hier, mais sans me faire d'illusions, et armé de la conscience que c'est avant tout en moi-même (comme en chacun) que se joue l'avenir de l'humanité. En attendant que l'homme recouvre pleinement ses dons divins d'amour, de création, de liberté absolue et d'intelligence spirituelle, qui lui permettront de fonder une société sans chefs, j'utilise mon vote pour rappeler aux pouvoirs qui nous gouvernent, que j'entends utiliser tous les espaces de liberté qu'ils nous concèdent et que je veillerai toujours à ne jamais me laisser enfermer.
Souldigg
NB: La semaine prochaine nous dirons quelques mots sur la résurrection de Jésus.
* insurgeant, insurgeance : ce mot fut forgé par le frère Michel pour décrire la profonde dynamique de changement que vient relancer la Révélation d'Arès. Une démarche fondée sur la pénitence, qui vise non à s'opposer aux pouvoirs par la violence, ou à en changer (cas des insurrection et des révolutions qui ne changent rien au fond), mais à combattre en soi d'abord, la volonté de dominer, et à faire prévaloir graduellement et avec intelligence dans le monde, ce que des hommes libérés spirituellement pourront vivre ensemble dans l'amour et la liberté.
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