Marcher.
Je me souviens d’un court passage du “Pigeon” de Patrick Süskind, qui décrit avec une profonde justesse les bienfaits que procure “la marche”. Le corps se délie et s’assouplit, les idées se remettent en place, les peines s’adoucissent, l’espoir reprend vie.
Allongé sur les bruyères encore sèches du mont Caroux, à près de 1000 m d’altitude après plusieurs heures de marche, je repose mes membres alourdis par 6 mois de vie citadine et je prends le soleil. “A sa chaleur rien n’est caché” dit le psaume 19 (18). Les psaumes ne sont pas à proprement parlé, “Parole de Dieu”. Ils figurent dans la Bible aux cotés des proverbes et de l’histoire de Job, parmi les écrits sapientaux et poétiques. Chant, louange, célébration, poème, ils manifestent la Gloire de Yahvé et la beauté du monde créé. La plupart sont attribués au Roi David, ce que confirme le Coran ( “Nous avons donné les psaumes à David” - s4/163).
À mes yeux et mes oreilles d’homme fatigué (physiquement et spirituellement), les psaumes font surtout office de réconfort. Ce qu’il y a de troublant en l’homme, c’est que sa fragilité égale sa résistance. Où qu’il se trouve, il concentre en un point minuscule de l’univers, un jeu de forces contraires, sans rapport avec ses forces et dimensions physiques, qu’il doit apprendre à maitriser s’il ne veut pas finir broyé. Chaque jour est un combat sans cesse recommencé.
Dans les moments de doute et de peine, les psaumes agissent comme un baume. en particulier celui-ci que j'affectionne tout particulièrement :
« Les cieux racontent la gloire de Dieuet l’œuvre de Ses Mains, le firmament l’annonce ;le jour au jour en redit le messageet la nuit l’apprend à la nuit.Ce ne sont ni mots ni paroles,ni voix qu’on puisse entendre ;par toute la terre résonne leur écho,jusqu’aux confins du monde leurs accents.En eux pour le soleil, Il dressa une tente,et lui, tel un époux sortant de sa chambre nuptiale,se fait joie, en héro, de courir sa carrière;d’une extrémité du ciel il sort,et sa course s’achève à l’autre extrémité,à son ardeur rien n’échappe. »
Ce ne sont pas des mots que j’adresse à Dieu mais à moi-même. Ils caressent mes plaies les plus profondes, et entre deux mots, je sens comme un regard maternel oindre mes pensées d’un rayon de lumière. Qui a dit que Dieu n’était qu’un Père ? Leur simple évocation ravivent mes forces, et m’enjoignent d’avancer.
La suite du psaume 19 exalte la Loi de Dieu et ses bienfaits, “plus désirables que l’or et que beaucoup d’or fin, plus doux que le miel et le suc des rayons”. Mais en croyant libre qui tient à distance ce que les religions ont d’arbitraire et de rigide, je substitue mentalement la soumission à “son ordre”, en un simple appel à vivre la bonté, libéré de tout dogme.
Croire en Dieu c’est d’abord se mettre en marche et Le chercher. Je n’ai pas d’autres certitudes que celle de Son Existence, parce que je l’ai éprouvé, et celle de la nécessité pour l’homme d’évoluer.
Eric Desneux
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